Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/147

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des farandoles et des galopades effrénées, dont Charles de Sivry scandait les joyeusetés sur des rythmes endiablés.

Toute une école se forma dans ces réunions du vendredi, d’où le Parnasse sortit.

Un de nos camarades, Ernest Boutier, connaissait un libraire du passage Choiseul, dont la clientèle se composait principalement d’acheteurs de paroissiens et de livres de première communion. Ce libraire, jeune, intelligent, hardi, avait sa femme établie dans les modes, en ce même passage. Il exposait ses volumes édifiants, au no 45, au coin du couloir débouchant sur la place Ventadour, où se trouvait alors le théâtre Italien. Il avait de l’ambition, ce modeste bibliopole, et rêvait d’être un autre personnage que le successeur d’un certain Percepied. Il prêta l’oreille aux propos tentateurs d’Ernest Boutier, puis aux projets de Verlaine, de moi, de Ricard, amenés en renfort. Il consentit à se faire l’éditeur de volumes de poésie, imprimés bien entendu aux frais des auteurs, et à devenir le dépositaire d’un journal de littérature, dont nous avions l’idée.

Précédés d’une édition de Ciel, Rue et Foyer, de L.-X. de Ricard, où l’éditeur ne mit que son nom sur la couverture, deux volumes de poésie parurent le même jour. Ce furent le Reliquaire, de François Coppée, et les Poèmes Saturniens, de Paul Verlaine. Un triple début. C’était aussi l’œuvre initiale de cet excellent Alphonse Lemerre, qui devait bientôt conquérir renommée et fortune aussi dans cette entreprise, hardie toujours, et alors jugée folle, d’éditer les poètes.

Le journal qui avait Louis-Xavier de Ricard pour rédacteur en chef s’appelait l’Art. Il eut une existence courte. Son plus grand retentissement se produisit au