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Une jeune fille parut, en robe grise et verte, avec des ruches, une gentille brunette…

Verlaine a délicieusement dépeint l’apparition charmante dans ces vers :


En robe grise et verte, avec des ruches,
Un jour de juin que j’étais soucieux,
Elle apparut souriante à mes yeux
Qui l’admiraient, sans redouter d’embûches.

Elle alla, vint, s’assit, parla,
Légère et grave, ironique, attendrie,
Et je sentais en mon âme assombrie
Comme un joyeux reflet de tout cela.

Sa voix, étant de la musique fine,
Accompagnait délicieusement
L’esprit sans fiel de son babil charmant
Où la gaieté d’un cœur bon se devine.

Aussi soudain fus-je, après le semblant
D’une révolte aussitôt étouffée,
Au plein pouvoir de la petite fée,
Que depuis lors je supplie en tremblant.


La première entrevue fut simple et décisive. La curiosité avait sans doute poussé la jeune fille vers la chambre de son frère. Elle passa sa petite tête espiègle par l’entrebâillement de la porte, et fit mine de se retirer avec de légères protestations confuses et des grimaces gentilles.

— Reste donc ! dit Charles… Monsieur est un poète… c’est Verlaine… tu sais bien ?

On avait, en effet, souvent parlé de lui dans la maison Mauté. J’ai dit, plus haut, quels projets d’opérettes préoccupaient alors Verlaine. Charles de Sivry, futur chef d’orchestre du Chat-Noir, guettait un poème funambulesque à musique. Il rêvait Petit Faust et Belle