Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/258

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meilleurs camarades, désagréable, agressif, violent, bref insupportable. S’il était ainsi avec nous, au café, on peut imaginer sa rentrée au domicile conjugal, à des heures souvent fort tardives, à la suite d’absorptions finales, et solitaires, quand il nous avait quittés.

Une seconde cause de mésintelligence fut la cohabitation avec les beaux-parents, dans la petite maison de la rue Nicolet.

Une troisième cause, qui se rapporte à la précédente, fut la cessation de ses fonctions d’employé, le congé perpétuel, la facilité plus grande de stationner dans les cafés, et la tentation plus vive d’empiler les soucoupes, rien n’altérant plus que la boisson.

Pendant le Siège et la Commune, Verlaine et sa femme habitaient un appartement avec balcon, rue du Cardinal-Lemoine, no 2, à l’angle du quai de la Tournelle. Il crut devoir, à la suite des événements de la Commune, déserter son emploi et pour ainsi dire se cacher. Ce fut alors qu’il vint faire maison commune à Montmartre, rue Nicolet, no 15, dans la petite propriété sise au bas des buttes, versant est, et donnant rue Ramey, appartenant aux beaux-parents, M. et Mme  Mauté de Fleurville.

Nous avons fait remarquer que les appréhensions politiques et judiciaires de Verlaine étaient exagérées, sans fondement. Il n’avait nullement participé à l’insurrection ; il était seulement coupable d’être resté à l’Hôtel de Ville, au lieu d’avoir rejoint M. Thiers à Versailles. Il ne fut l’objet d’aucune recherche, d’aucune poursuite. À cette époque de répression impitoyable et de suspicion générale, on était très facilement dénoncé et arrêté. La non-réintégration de Verlaine à son bureau, quand l’ordre fut rétabli, cette disparition d’un employé