Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/369

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La conversion s’est opérée. Il considère avec dégoût et repentance le pécheur qu’il a été. Il témoigne de la satisfaction qu’il a de compter « parmi les cœurs cachés et discrets que Dieu fait siens dans le silence », et il se sent grandir bon et sage. Il a la dignité dans la sécurité. C’est ici, au sévère, la réflexion comique d’Alfred de Musset, conduit aux Haricots pour insoumission aux appels de la Garde nationale : « On n’arrête personne ici ! » dit-il plaisamment, se trouvant protégé contre les importuns dans sa prison.

Dans cette pièce louangeuse, se trouve rendue, avec une puissance de coloris rare, l’impression silencieuse du lieu :


Deux fois le jour, ou trois, un serviteur sévère,
Apportant mes repas et repartant muet.
Nul bruit. Rien dans la tour jamais ne remuait,
Qu’une horloge au cœur clair, qui battait à coups larges…


Elle se termine par une bénédiction à la prison, « au château magique où son âme s’est faite », et d’où il est sorti prêt à la vie, armé de douceur, et croyant.

Par la suite, se rendant en Belgique et en Hollande pour y faire une série de conférences, il passa devant son ancienne demeure forcée. Il regarda, sans trop d’émotion, « cet asile sévère où il avait tant souffert, neuf ans auparavant ».

Il décrit ainsi, en prose, le château « qui luit tout rouge et dort tout blanc » :


Je veux parler de la prison cellulaire, que je n’avais jamais si bien vue du dehors. Elle est située à l’extrémité de la ville, affectant la forme d’une roue encastrée dans quatre murs constituant un rectangle, le tout terminé par le dôme polygone de la chapelle. La porte d’entrée, accotée de pierre grise, a une