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gieuses, ne me parvint pas. Au dernier moment, il se ravisa et ne m’envoya que plus tard le billet suivant :


Mons, 8 septembre 1874.

Ma lettre du 22 août, pour des raisons sérieuses, n’a pas été expédiée. Je t’envoie aujourd’hui seulement ce post-scriptum, 8 septembre : Encore quatre mois, 14 jours ! si la grâce n’arrive pas, ce qui m’étonnerait, ayant les plus sérieuses protections du monde.

Si tu me fais l’immense amitié de m’écrire, nulle allusion à ce post-scriptum ni aux vers, ne dis à personne que tu as reçu lettre ou vers de moi. Voici le final dont je parle.


Suivaient les vers. À la fin du post-scriptum, il annonçait :


C’est absolument senti, je t’assure. Il faut avoir passé par tout ce que je viens de souffrir depuis trois ans, humiliations, dédains, insultes, pour sentir tout ce qu’il y a d’admirablement consolant, de raisonnable, de logique, dans cette religion si terrible et si douce. Oh ! terrible, oui ! mais l’homme est si mauvais, si vraiment déchu, et puni par sa seule naissance, et je ne parle pas des preuves historiques, scientifiques et autres, qui sont aveuglantes, quand on a cet immense bonheur d’être retiré de cette société abominable, pourrie, vieille, sotte, orgueilleuse, damnée.

T’ai-je dit que je pioche ferme l’anglais ; j’ai lu du Shakespeare sans traduction, le latin pour finir, la Bible, et enfin l’espagnol pour l’employer plus tard ; quelle langue, que de choses à lire !

Donc à revoir, à très bientôt, car il faudrait que je revienne en France pour préparer ce procès, dont je n’ai pas voulu, et que je retiens à mon tour. Et comme, en définitive, je suis moins bête que le père Mauté, comme surtout je suis plus honnête, ce qui est, dans tous les cas, la grande finesse, comme il n’a fait que mensonges, inventions, et méchancetés, je ne redoute rien d’une bonne grosse publicité, que je suis loin néanmoins de provoquer.

D’ailleurs, je m’attends encore à des malices et à des pièges. C’est inutile, après les cochonneries si maladroites dont ils