Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/424

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les bras pleins de pardons, vous reviendrez, vieillards exquis… » Il fut dit qu’un maître, aussi considéré dans le monde bien pensant, ferait honneur à la maison où il avait enseigné. On fit le silence autour de bruits fâcheux accompagnant le los et renom du poète. Les élèves participèrent à la vaniteuse remembrance des ex-collègues de l’auteur de Sagesse. En 1897, les anciens du collège de Notre-Dame organisèrent à Paris, en l’honneur de leur illustre professeur, un banquet. Sur le menu, on voyait le buste du poète que la Renommée entourait, avec la ville de Rethel et son Collège se détachant dans un nimbe glorieux. Un éloge de Verlaine fut prononcé, à l’issue du banquet, par l’un des organisateurs, M. Jean Bourguignon, de la Revue d’Ardenne et d’Argonne.

Verlaine, assez brusquement, jeta la redingote de professeur aux buissons d’Ardenne. Il quitta le collège et la chaire pour la ferme et la charrue. Il se fit cultivateur. Cette détermination inattendue, comme toute chose, a pourtant son explication. D’abord l’idée, de plus en plus persistante chez lui, — elle s’est manifestée très vivement, quelques années plus tard, quand il me fit faire des démarches pour obtenir sa réintégration dans les bureaux de la Préfecture de la Seine, — de rentrer dans les rangs réguliers de la société, d’avoir un emploi, un métier, des ressources fixes, et de ne considérer la poésie que comme un délassement, un sport, un agrément de la vie et une consolation dans les tristesses. Ensuite, il avait toujours eu du goût pour le sol, pour les choses de la campagne, pour la vie rustique. J’ai publié ses premières lettres de lycéen, transplanté tout à coup dans les terres fortes, plantureuses et tristes d’Arras, et la volupté qu’il trouvait à cette adaptation champêtre.