Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/432

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tueuse. Il devenait semblable aux prédicants anglicans, les « teatotalers ». De même il exagérait quand, comme s’il eût pressenti les conflits de ces derniers temps, il conseillait à son fils soldat de ne pas servir contre « Dieu et ses ministres ». Il parlait alors en catéchumène des prisons belges, et non en fils d’officier qui doit se soumettre à l’ordre d’où qu’il vienne, à la consigne quelle qu’elle puisse être. Il est vrai qu’il terminait son exhortation en disant : « Sois français, quand même ! »

À plusieurs reprises, il a évoqué l’image de son fils dans ses poésies, dans ses écrits en prose. Le volume Amour se termine par cette noble apostrophe à George Verlaine :


                 Voici mon testament :
Crains Dieu, ne hais personne, et porte bien ton nom,
                  Qui fut porté dûment.


Le besoin, la fureur d’affection, comme il a défini lui-même ce besoin d’attachement, poussèrent Verlaine, lorsque Lucien Létinois quitta le collège, à le suivre. Il renonça au calme de la vie collégiale. Il abandonna cette vie studieuse, paisible, et semblable à celle des pieux savants claustrés du moyen-âge, pour la vie rurale. Il donna donc sa démission de professeur, partit de Rethel, et vint s’installer à Coulommes, chez Lucien Létinois. Les parents du jeune homme ne virent pas avec déplaisir l’arrivée de ce pensionnaire. Ils étaient pourvus de l’avidité rurale, et comptèrent bien s’arrondir aux dépens de ce monsieur de la ville qui voulait se faire paysan.

Voilà donc Verlaine campagnard, et bientôt cultivateur. Il y a deux périodes dans l’existence rustique du poète. La première part de 1878 à 1881. Elle fut relativement paisible. Verlaine, après quelque temps passé