Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/514

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Heureux que tu aimes mes Mémoires. As-tu reçu aussi mon recueil de nouvelles : Louise Leclercq ? Tu devrais bien m’envoyer l’Écho de Paris, où tu parles de moi.

C’est vrai, je crois, que je pourrai gagner des sous, maintenant que mon nom est sorti de l’ombre parnassienne et « décadente » (quel bête mot !). Là encore je te demanderai comment, où, et tous les et caetera, écrire dans les journaux payants. Avec ma patte qui m’empêche de marcher, — et ma gaucherie, mon inexpérience en ces choses, me voilà bien logé sous ce rapport comme sous tous les autres.

Heur et malheur ! L’important est qu’au fond la santé, la vraie ! reste. Comme dit le peuple, je ne suis pas malade de cœur. Avec ça, et sans trop me désespérer, je puis peut-être me tirer, à la fin, d’épaisseur. Facile à dire, n’est-ce pas ton avis à toi ? Je serais bien content de te voir et de parler seul à seul. Quand nous reverrons-nous ? Je ne sais encore l’époque de ma sortie d’ici, et je crains que tes occupations ne t’empêchent de venir me voir, au moins bien souvent. Mais l’écriture est là, et je compte sur de bonnes lettres tiennes, nouvelles et conseils, pas ?

Bien fraternellement
P. Verlaine.

P. S. — J’ai reçu des nouvelles de Ricard, et vais publier une biographie de lui dans les Hommes du jour.


Verlaine tout à coup disparaissait. Il reprenait, à l’hôpital, ses quartiers, qui n’étaient pas toujours d’hiver. L’été de 1887, je fus plusieurs semaines sans avoir de ses nouvelles. Je me doutais bien que mon camarade était retourné dans quelque asile hospitalier. Mais lequel ? J’écrivis à tout hasard chez Vanier. Je reçus la réponse suivante.


Paris, le 7 août 1887.
Mon cher Edmond,

Je reçois ta lettre à l’hôpital Tenon ; elle me parvient par