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PAUL VERLAINE

trop hautes, aux murs salis, et d’un gris douteux, aux façades en plâtre verni, et pleines de poussières, avec des taches verdâtres sur des jaunes pisseux ». Il est vrai que le quartier où la famille s’était arrêtée est l’un des moins attrayants de Paris. La rue des Petites-Écuries est encombrée, bruyante, étroite et sombre. Rue de commissionnaires, de camions, d’emballeurs clouant leurs caisses sur le trottoir, et de hangars où des chevaux attelés frappent du sabot le pavé sonore.

Quand le mobilier, confié à la petite vitesse, fut arrivé de Metz, on quitta l’hôtel meublé, et le capitaine Verlaine, attiré par l’espoir de retrouver des camarades retirés dans le quartier des Batignolles, encore très recherché des retraités, alla se loger rue Saint-Louis, au no 10, non pas au numéro 2 comme il a été dit par erreur dans les Confessions (page 41). La rue Saint-Louis est aujourd’hui la rue Nollet. La famille Verlaine occupait un appartement au second étage d’une maison de bonne apparence bourgeoise. La maison n’a pas changé et porte toujours le même numéro.

Paul fut mis comme externe dans une petite institution qui existe encore, rue Hélène. Il y apprit à lire, à écrire et les quatre règles. Il eut, dans ce pensionnat enfantin, comme condisciple, Carle des Perrières, bien connu depuis comme journaliste.

Le jeune Paul fut, à cette époque, atteint d’une de ces fièvres qui abattent si profondément les enfants et font trembler les mères. Mme  Verlaine le soigna avec ce dévouement dont elle devait, par la suite, donner tant de preuves.

Dans sa convalescence, Paul sentit s’élever en lui un sentiment tout nouveau : celui de l’amour filial. Jusque-là, il avait aimé sa mère, comme tous les enfants, par