Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/104

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ques, était déterminée à amener s’il était possible leur union, loin de faire ce qui était en son pouvoir pour alléger la situation malheureuse dans laquelle se trouvait sa cousine, s’efforçait au contraire de la rendre plus critique.

Elle en était arrivée au point de regarder comme inévitable le mariage d’Antoinette avec un homme qu’elle n’aimait pas, et elle la plaignait en conséquence ; puis elle blâmait sa timidité, condamnait son obstination à rejeter les propositions d’union de celui que son cœur chérissait. Elle ne manquait jamais de terminer ces exhortations en répétant qu’une fois mariés, les deux jeunes gens obtiendraient facilement le pardon de M. de Mirecourt, tandis que si ce père entêté ne rencontrait pas d’autres obstacles que celui de la volonté de sa fille, il mettrait certainement à exécution le projet de la marier à Louis Beauchesne. Quelques fois même elle s’étonnait de l’absence prolongée du militaire, et elle l’expliquait en disant que, découragé par la froideur d’Antoinette et par le refus qu’il avait essuyé, il avait porté ses intentions d’un côté où on les avait acceptées avec orgueil. Après ces funestes entretiens, elle laissait la malheureuse jeune fille à ses réflexions, son visage trahissant la confusion où elle se trouvait, et son pauvre cœur plus douloureusement malade que jamais.

Un jour, à la fin d’un entretien où elle avait mis en œuvre tous ses perfides raisonnements, la jeune femme