Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/110

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leva, et elle se préparait à quitter l’appartement quand Audley, s’emparant de sa main sur laquelle il déposa un baiser ardent, lui dit à mi-voix :

— Antoinette ! à ce soir, à sept heures !

— Eh ! bien, major Sternfield, je vois que vous avez diligemment mis votre temps à profit, puisque le jour et l’heure sont arrêtés, dit madame d’Aulnay dès qu’Antoinette fut sortie.

Elle fixait en même temps sur lui un regard pénétrant.

Peut-être le joyeux triomphe qui rayonnait sur son beau visage s’opposait-il aux idées sentimentales qu’elle s’était faites de ce que devait être en pareille circonstance l’amour d’un homme passionnément amoureux ; peut-être même commençait-t-elle à concevoir des craintes sur le bonheur futur de sa cousine, ce dont jusque-là elle n’avait pas eu le moindre souci ; mais ces soupçons et ces réflexions disparurent aussitôt, car Sternfield, qui avait probablement deviné sa pensée, s’avança vers elle en disant :

— Ma chère madame d’Aulnay, mon excellente amie, vous qui, avec une indulgence et une patience dont je vous serai éternellement reconnaissant, avez pris part à toutes mes pensées, à toutes mes espérances et à toutes mes craintes, ne vous étonnez pas de me voir ivre de joie : Antoinette a promis d’être, ce soir même, ma femme par le plus sacré des sacrements. Ô la meilleure des amies ! laissez-moi m’agenouiller de-