Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/145

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XVI.


La quinzaine indiquée passa rapidement, avec ses heures de chagrins et de plaisirs ; mais, hélas ! la pauvre Antoinette trouva que, pour elle du moins, la peine prédominait. À part les doutes cruels qui l’assiégeaient sur la possibilité de voir son père rester implacable ; à part le remords qu’elle éprouvait de la manière dont il avait été trompé, il y avait dans la conduite de son mari de quoi l’attrister et la blesser davantage.

En effet, passant d’un extrême à l’autre, Audley était toute tendresse ou toute dureté, et quand il se trouvait sous l’empire de cette sombre humeur, il lui reprochait sa froideur et sa prétendue cruauté en des termes qui faisaient couler ses larmes et battre son cœur d’un sentiment mêlé de peine et d’indignation. Son prochain départ pour Valmont était une source dé récriminations et de reproches continuels. Malgré toutes ces contrariétés, la résolution de la jeune femme fut inébranlable : elle savait, si Sternfreld l’ignorait, que son père était un homme avec lequel on ne devait pas plaisanter.

Le dernier jour qu’elle devait passer à la ville était arrivé. Madame d’Aulnay avait invité quelques amis, afin que la dernière soirée d’Antoinette chez elle fût la plus charmante possible. Tout était donc gaieté