Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/147

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— Ainsi, tu me refuses même cette insignifiante concession ? Prends garde, Antoinette, tu m’éprouves trop !

— Que puis-je faire ? demanda-t-elle d’un ton suppliant et en dirigeant sur lui des yeux baignés de larmes.

Mais, insensible à ce regard qui semblait demander grâce, il continua :

— Ce que tu peux faire ? Prouve-moi par tes actes que tu es une femme, et non pas une enfant ; prouve-moi que tu éprouves pour moi un peu de cet amour que tu m’as juré si solennellement il y a quinze jours. Assurément je n’exige pas trop : la permission de te voir pendant une petite heure ; et cependant tu as le cœur de me refuser ! Si tu continues à te montrer aussi insensible à la pitié, à la plus simple justice, je ne serai pas longtemps sans insister pour que tu fasses usage de l’une et de l’autre à mon égard.

— Ces reproches sont insupportables ! répondit Antoinette devenant mortellement pâle. Audley ! je vais tout dire de suite à mon père, et m’en remettre à sa clémence. Mieux vaut sa colère, quelque terrible qu’elle sera, que ces chagrins secrets et sans fin.

— Non, tu ne diras rien à M. de Mirecourt maintenant : rappelle-toi ta promesse solennelle. Quand le temps favorable sera venu, et alors seulement, je t’en dégagerai.

— Oh ! major Sternfield, dans quel abîme de déceptions et de mystères vous m’avez fait tomber, murmura-t-elle avec amertume.