Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/160

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XVII.


Quelques jours après, notre jeune héroïne était installée au manoir, environnée des soins affectueux de son père, des services dévoués de son excellente gouvernante et des attentions amicales de Louis Beauchesne qui, — cela va de soi, — était un visiteur privilégié au manoir.

Cependant, malgré ce triple mur d’affection qui l’entourait, malgré son retour au calme et à la régularité de cette vie de la campagne qu’elle menait de nouveau, Antoinette conservait toujours l’apparence délicate qu’elle avait contractée durant les quelques semaines de son séjour à Montréal.

M. de Mirecourt, néanmoins, n’en conçut aucune inquiétude, persuadé qu’une quinzaine de jours de repos lui rendrait sa vigueur d’autrefois ; mais madame Gérard était loin de partager son assurance et de se satisfaire aussi facilement. Ce qui l’alarmait plus encore que l’excessive faiblesse d’Antoinette, c’était la mélancolie à laquelle celle-ci se laissait aller et l’indifférence qu’elle manifestait à l’égard de ses douces habitudes d’autrefois : l’accomplissement d’œuvres de charité et les plaisirs intellectuels auxquels elle se livrait avant sa promenade à la ville. Plus d’une fois elle essaya, par la patience, par la douceur, comme une