Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/170

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XVIII.


Quelques jours après, par une superbe matinée, monsieur et madame d’Aulnay, amenés par leur joli équipage d’hiver, venaient frapper à la porte du manoir, à la grande joie de M. de Mirecourt qui était également fier de sa gracieuse nièce et de son digne et savant époux.

Antoinette amena Lucille dans sa chambre pour la débarrasser de ses vêtements de voyage. Une fois là, celle-ci ferma la porte avec soin, et s’écria :

— Maintenant, aux nouvelles… Mais, mon Dieu ! Antoinette, comme tu es pâle ! Qu’est-ce que tu as donc fait ? Non seulement tu as considérablement maigri, mais de plus tes yeux et ton teint ont perdu tout leur éclat. Cela ne fera pas. Tu ne dois pas permettre au chagrin ni à l’inquiétude d’aller plus loin que de communiquer à tes traits une pâleur délicate ou un air mélancolique.

— Donne-moi ta recette pour les restreindre dans des limites aussi modérées, dit Antoinette avec un sourire forcé.

— Lorsque tu te sentiras triste, arrêtes-toi de penser, prends un roman, essaies une intrigue ou jette un coup-d’œil sur tes toilettes. Si ces dernières sont dans un état défectueux, le remède est infaillible, car une cause de tristesse en neutralise toujours une autre. Courage, chère enfant. Nous allons obtenir la per-