Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/175

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bien de fois je lui ai demandé avec ferveur la grâce et l’inspiration de remplir dignement l’important devoir qui m’était confié.

— Chère madame Gérard, pourquoi êtes-vous si triste et si inquiète ? demanda avec douceur Antoinette en prenant les mains de sa gouvernante qu’elle pressa chaleureusement dans les siennes. Vous avez été pour moi une véritable mère. Toujours bonne, judicieuse, prudente…

— Et cependant j’ai failli, complètement failli ! interrompit celle-ci sur le même ton de tristesse. Non, ne parles pas ainsi, Antoinette, mais écoutes moi, car je dis la vérité. Où est cette confiance que je désirais t’inspirer, cette confiance qui aurait dû te faire venir à moi comme à une mère, me confier tes chagrins et prendre mes conseils dans les moments de peine ? Hélas ! tu ne m’en accordes pas plus qu’à une étrangère ! Tu as des soucis et des inquiétudes, mais tu les dévores en silence ; tu as des plans et des projets, mais tu les prépares dans le secret, Antoinette ! chère Antoinette, dis-moi : ai-je mérité cette défiance ?

Le cœur ardent de la jeune fille, qui était intimement attaché à la directrice de ses jeunes années, fut profondément touché par cet appel chaleureux. Se jetant en pleurs, dans les bras de son excellente gouvernante, elle s’écria :

— Ô bonne et chère amie, pardonnez-moi ! Pourquoi n’ai-je pas rempli mes devoirs à votre égard avec