Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/176

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autant de fidélité que vous vous êtes acquittée des vôtres envers moi ? pourquoi me suis-je déjà séparée de vous ?…

— Et cependant tu me laisses encore ! dit-elle doucement en caressant la soyeuse chevelure de la jeune fille. Que madame d’Aulnay seule s’en retourne dans cette vie agitée de la ville, dans le tumulte de laquelle tu as déjà perdu ta fraîcheur, tes sourires, ta gaieté, et la paix de ton âme.

— Cela ne se peut pas ! dit Antoinette en se levant fiévreuse. Hélas ! je dois y aller.

— Qu’il en soit comme tu le désires, et puisse Dieu guider tes pas ! Encore un mot, ma petite Antoinette, encore un mot de l’amie éprouvée qui a appris à ta bouche à bégayer le nom de notre Père céleste. Pourquoi as-tu abandonné la pratique et les devoirs de notre religion à laquelle jusqu’ici tu avais été si fidèle ?

— Parce que je ne suis pas digne des consolations qu’elle donne ! répondit la jeune fille singulièrement émue.

— Ce devrait plutôt être une raison pour te faire persévérer dans l’observance de tes devoirs religieux. Est-ce que notre Divin Maître lui-même ne nous a pas dit qu’il venait pour sauver, non pas les justes, mais les pécheurs ? Mais assurément, ces paroles, dans leur sens le plus rigoureux, ne s’appliquent pas à ma petite, à ma chère Antoinette. Ouvres-moi ton cœur, mon