Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/226

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message de madame d’Aulnay qui venait d’arriver, elle aperçut l’extrême pâleur de la jeune fille.

— Dites à madame d’Aulnay, Jeanne, que je suis trop malade pour descendre ce soir.

— Pauvre mademoiselle Antoinette ! dit l’excellente femme d’un air inquiet, vous paraissez être très-malade. Je vais vous apporter de suite une tasse de thé, et tantôt une tisane chaude qui vous fera dormir profondément durant toute la nuit.

— Je crains bien que votre tisane ne puisse me rendre ce service, Jeanne.

— En vérité, mademoiselle, vous faites erreur ; cette tisane est un remède merveilleux, surtout pendant la jeunesse, car, Dieu merci ! à votre âge, vous ne pouvez avoir des pensées capables de chasser le sommeil de votre chevet.

Antoinette frissonna comme si un vent froid était venu la saisir, mais elle s’efforça de sourire avec bonté en congédiant la femme de chambre.

— Mon âge ! répéta-t-elle : oui, je suis jeune en années, mais vieille par les chagrins.

Et elle passa les mains sur son front brûlant.

Quelques instants après, Jeanne vint lui apporter une légère collation, avec un billet de madame d’Aulnay qui priait sa cousine de l’excuser pour une couple d’heures, attendu qu’elle tenait compagnie à un ami de M. d’Aulnay qui venait d’arriver de la campagne.