Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/233

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à vos ouvrages d’aiguille ou par vos livres et ne recherchant d’autres amusements que la conversation d’un vieil ennuyeux comme moi.

— Vous oubliez, — interrompit M. d’Aulnay en faisant de la tête un mouvement très-significatif, — que nous sommes dans la Semaine-Sainte et que ces jolies dames, quoique aimant passablement ce monde-ci n’ont pas encore tout-à-fait perdu l’espérance de parvenir à un meilleur. Venez nous voir quand le carême sera passé, et alors vous me direz ce que vous en pensez. Quant à moi, je pourrais souhaiter en mon cœur que toute l’année fût le carême ; volontiers j’en ferais le jeûne et la pénitence pour avoir la paix et le calme.

— Ah ! ma foi, madame d’Aulnay, je ne crois pas mon ami, dit en riant M. Cazeau en réponse à une protestation badine quoiqu’un peu énergique de Lucille contre ce que venait de dire son mari. Je ne puis parler que de ce que j’ai vu, et je pourrai dire franchement à M. de Mirecourt que j’ai été charmé de la vie tranquille qu’on mène ici, que mademoiselle Antoinette est tout ce qu’il peut désirer de mieux, quoiqu’elle soit encore un peu trop pâle.

— Ne dites rien de cela, s’il vous plaît, demanda madame d’Aulnay ; car mon oncle, par crainte pour la santé de sa fille, la rappellerait chez lui, ce qui n’atteindrait nullement son but.

La visite de M. Cazeau produisit un si heureux