Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/296

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puis-je faire ? Si je propose une soirée, un bal ou d’autres amusements semblables, elle prétend qu’elle est trop malade pour y prendre part et elle menace de s’enfermer dans sa chambre pendant tout ce temps-là ; si je cherche à l’entraîner avec moi, à faire des visites, à aller dans les magasins, à lire des romans, à se prévaloir, en un mot, de tous les autres passe-temps féminins — le docteur sourit d’une façon singulière à l’énumération de ces amusements — elle s’en défend avec une telle énergie que je ne me sens pas assez de cœur pour insister. Un seul point sur lequel je reste invariablement ferme, c’est sur celui de l’emmener à la promenade en voiture tous les jours, et c’est souvent une tâche ardue.

Convaincu que c’était un cas sérieux aussi bien que difficile, le docteur Manby partit sans dire un mot de plus, et madame d’Aulnay se mit à l’œuvre pour tâcher de trouver un moyen efficace afin d’amuser et de divertir sa jeune compagne.

Elle fut donc bien contente lorsque, le même après-midi, une voix agréable se fit entendre dans le passage et que Louis Beauchesne entra, tout sourire et toute gaieté. Antoinette, de son côté, fut également heureuse de le voir, car il avait toujours été pour elle un frère, et il y avait quelque chose de contagieux dans sa joviale humeur.

Il informa les deux jeunes femmes qu’il venait passer quelques semaines à Montréal où il avait des