Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/319

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des instants précieux qui pouvaient être les derniers de Sternfield sur la terre. Achevant à la hâte de s’habiller, dès que sa cousine eut quitté la chambre, elle descendit sans bruit l’escalier qui conduisait à la porte de derrière et parvint dans la cour. Comme elle l’avait un peu espéré, elle trouva un laquais dans l’écurie, et lui dit à voix basse d’atteler un des chevaux à la petite voiture dont se servait ordinairement monsieur d’Aulnay. En un clin-d’œil, tout fut prêt. La pauvre femme monta dans le véhicule qui passa la porte de cour sans attirer l’attention d’aucune des personnes de la maison, à l’exception peut-être d’une des filles de chambre qui ne trouva cependant rien d’extraordinaire à ce que mademoiselle sortît à une heure aussi matinale, pensant bien qu’elle se rendait à l’église.

Maintenant, se dit Antoinette en portant une main à son front malade, ce que j’ai d’abord à faire, c’est d’aller chez le docteur Manby, et quoiqu’il soit probablement avec ce pauvre Audley, je pourrai peut-être savoir d’un de ses serviteurs où est la demeure de celui-ci.

Arrivée à la paisible maison de pension où logeait le docteur, elle apprit qu’il avait été appelé auprès du major Sternfield qui avait été, le matin même, blessé à mort dans un duel.

Le major Sternfield occupait avec trois ou quatre autres officiers une maison en pierres bien simple mais confortable, située à l’extrémité est de la ville, dans ce quartier que nous appelons aujourd’hui faubourg Qué-