Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/32

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que de Mirecourt regretta, encore une fois de voir tant de froideur se cacher sous un si charmant extérieur.

Mais ces pensées s’effacèrent bientôt dans l’excitation du départ, dans les attentions dont il devait faire preuve vis-à-vis sa jolie compagne. En effet, à peine les excursionnistes avaient-ils parcouru quelques arpents, que la charmante Louise se mit dans la tête qu’elle avait froid, et qu’elle commença à regretter l’absence d’un certain châle dont le chaud tissu lui offrait une protection contre les plus fortes bises de l’hiver. Il va sans dire qu’un aussi galant cavalier que de Mirecourt s’empressa d’offrir de retourner à la maison pour y prendre un objet aussi précieux, et aussitôt la voiture revint à son point de départ.

— Je vais tenir les rênes, M. de Mirecourt, pendant que vous allez entrer à la maison. J’ai laissé mon châle dans la petite salle. Je vous prie de ne pas vous fâcher si je suis aussi oublieuse et si je vous occasionne autant de trouble.

La seule réponse du jeune homme fut un sourire plein de tendresse et de doux reproches ; puis, d’un pas léger et rapide, il monta à la chambre qui lui avait été indiquée et y trouva effectivement le châle qu’il était venu chercher. Mais, à peine s’en était-il emparé, qu’un sanglot étouffé vint frapper ses oreilles. Surpris, il jeta autour de la chambre un regard scrutateur. Ce bruit, répété, semblait venir d’une chambre adjacente dont la porte donnait sur celle dans laquelle