Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/342

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— Jeanne, ici, venez ici ! dit-elle en poussant un cri perçant.

La vieille femme courut à elle, et, après avoir jeté un coup d’œil sur le visage de marbre de Sternfield, elle dégagea doucement la main d’Antoinette de l’étreinte glacée où elle était encore tenue.

— Comme il a passé doucement ! dit-elle à voix basse. Des sanglots et des pleurs donnèrent du soulagement au cœur surchargé d’Antoinette.

Un moment après, le docteur Ormsby entra.

— Emmenez-la à la maison, dit-il avec compassion en la levant du lit sur lequel elle s’était jetée ; — emmenez-la ; elle a été assez cruellement éprouvée comme cela. Je verrai à tout.

Involontairement et passivement Antoinette se laissa habiller par Jeanne et embarquer dans la voiture qu’un domestique d’un des officiers était allé chercher.

Arrivées à la maison, la femme de chambre la déshabilla et la mit au lit, ayant préalablement averti madame d’Aulnay qu’à tout prix elle ne devait pas entrer dans la chambre de sa cousine ce soir-là.

Mais ces tendres soins, non plus que la potion calmante qu’elle prit, ne purent chasser la maladie qui, provoquée par tant de secousses, s’approchait à grands pas. D’un lourd sommeil léthargique elle tomba dans le délire. Le médecin fut appelé, et les personnes de la maison apprirent bientôt avec épouvante que mademoiselle de Mirecourt était dangereusement malade d’une fièvre cérébrale.