Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/51

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gleterre ; mais cet acte, et deux ou trois autres mesures adoptées dans un but de conciliation, ne suffirent pas pour détruire dans l’esprit du vaincu la pénible impression qu’une chose aussi sacrée que la justice n’existait plus pour lui dans le pays. Le démembrement de son territoire l’exaspéra presqu’autant que l’abolition de ses lois. Les îles d’Anticosti et de la Madeleine, ainsi que la plus grande partie du Labrador, furent annexées au gouvernement de Terreneuve ; les îles de Saint-Jean et du Cap Breton à la Nouvelle-Écosse ; les terres situées autour des grands lacs aux colonies voisines ; enfin le Nouveau-Brunswick en fut détaché, doté d’un gouvernement séparé et du nom qu’il porte aujourd’hui.

Des instructions royales furent ensuite envoyées d’Angleterre, obligeant le clergé et le peuple à prêter serment de fidélité sous peine d’être condamnés à laisser le pays, ainsi qu’à renoncer à la juridiction ecclésiastique de Rome que tout catholique est tenu en conscience de reconnaître et d’accepter. Plus tard, ils furent sommés de rendre toutes les armes qu’ils pouvaient avoir en leur possession, ou bien à jurer qu’ils n’en avaient pas de cachées. Le gouvernement hésita avant de mettre en vigueur ces derniers ordres inégalement sévères et injustes. Un impatient esprit le mécontentement s’empara du peuple qui s’était jusque-là montré si soumis à ses nouveau gouvernants, mais qui commença alors à faire entendre ouverte-