Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/86

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l’accident de la veille, il se mit à lui faire les déclarations les plus vives et les plus chaleureuses.

Nous croyons inutile d’ajouter combien de pareilles protestations faites pour la première fois à une jeune fille romanesque étaient remplies d’un pouvoir dangereux, et si nos lecteurs veulent bien se souvenir que celui qui les formulait était un homme doué des charmes personnels les plus rares, ils cesseront de s’étonner de voir Antoinette rester confuse, avec la conviction qu’elle devait répondre, dans une certaine mesure, à l’amour qu’on venait de lui déclarer.

Cependant, aucune réponse ne se fit entendre, pas même le petit monosyllabe oui que Sternfield implorait si ardemment. S’apercevant que les instants, qui étaient pour lui une occasion précieuse, passaient rapides, Audley se jeta tout-à-coup à genoux devant elle, et, prenant sa main dans la sienne, il renouvela sa demande avec une ardeur encore plus passionnée que la première fois.

En ce moment, le bruit d’une porte qu’on fermait à l’extrémité du corridor, vint frapper Antoinette qui s’écria vivement :

— Levez-vous, pour l’amour du ciel, major Sternfield, relevez-vous ! j’entends venir quelqu’un.

— Qu’est-ce que cela fait ? Antoinette, je reste dans cette position jusqu’à ce que je reçoive quelque espérance, un mot d’encouragement, jusqu’à ce que vous m’ayez répondu oui.