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sofa, des coussins à droite et des coussins à gauche : elle parlait d’une manière indolente, presque caressante, à de Montenay qui était à demi agenouillé sur un petit tabouret à côté d’elle, dans une de ces gracieuses postures qui lui semblaient le plus naturelles. Sans paraître même remarquer la présence de celui-ci, Gertrude dit tranquillement :

— Maman, je désire vous présenter M. Armand Durand.

Madame de Beauvoir, pour accueillir notre malheureux candidat à l’honneur de sa connaissance, lui fit la faveur d’un regard de surprise et d’un léger salut, puis elle continua aussitôt sa conversation avec de Montenay. Armand se hâta de se retirer, et madame de Beauvoir dit avec calme :

— Gertrude, Victor m’a demandé de se réconcilier avec toi. Il pense que tu es un peu sévère envers lui, et je le crois aussi ! Trop sévère envers lui, un vieil ami, et trop familière avec de nouvelles connaissances, pis que cela, avec d’obscures personnes de rien !

Gertrude regarda silencieusement sa mère, puis de Montenay : celui-ci, les yeux baissés, semblait chagriné de la censure prononcée sur Gertrude ; mais elle découvrit un faible rayon de joie dans ses traits.

— Maman, répliqua-t-elle alors froidement, pour ce qui est des obscures personnes de rien, elles sont les invitées de mon oncle, et en cette qualité elles ont le droit d’être traitées avec politesse et courtoisie, surtout quand