Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101

elles savent se bien comporter, chose que semblent ne pas savoir faire quelques-unes de nos connaissances les plus en faveur.

Madame de Beauvoir leva les yeux, comme pour supplier sa fille de se taire.

— Jusqu’à quand donc, lui dit-elle, devrai-je t’implorer de modérer la pétulance naturelle de ton caractère ? c’est de si mauvais goût, si vulgaire, si peu digne de notre sexe ! Que peut et que doit Victor penser de toi ?

— Je m’occupe fort peu de son opinion, répondit l’enfant avec dédain ; Il ne peut toujours pas penser moins de moi que je pense de lui, et j’ajouterai en dernier ressort, que si jamais il me provoque encore comme il l’a fait ce soir, je lui donnerai deux soufflets au lieu d’un !

Après avoir lancé cette décharge de mitraille, Gertrude tourna brusquement le dos et s’en alla à l’autre bout de l’appartement. Madame de Beauvoir haussa les épaules.

— Il faudra que vous ayiez de la patience, mon cher de Montenay, dit-elle au jeune homme, si vos intentions ne changent pas. Mais avec le temps, une vigilance continuelle de ma part, sans parier de l’influence toute-puissante de l’exemple d’une mère, il y a toute probabilité de lui faire quitter ses singuliers travers. Du moins, elle est naïve et franche.

— Oui, madame, elle ne l’est que trop ; mais n’importe ! Belle, spirituelle, gracieuse, c’est un trésor qui vaut la peine qu’on l’attende, et j’attendrai !