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plus froides, plus courtes et plus rares, et cela expliqua les épîtres de la famille qui lui parvenaient en réponse. De temps à autre il recevait de Paul un bulletin, assez amical du reste, qui lui donnait des nouvelles de la santé de leur père et du changement de caractère que les douleurs rhumatismales avaient opéré en lui, que de doux et d’humeur égale qu’était son tempérament, il était devenu irascible et impatient ; puis il terminait par quelques petits détails sur la terre ou les animaux.

Notre héros prit la résolution de ne pas s’arrêter, si la chose lui était possible, à ces tristes et douloureux changements. Il continua à étudier, à sortir lorsqu’il y était invité et même quelques fois, mais très-rarement, il prit part aux bruyantes parties de plaisir organisées par Lespérance et ses amis, car il ne pouvait pas toujours les refuser, de crainte de les insulter. Lorsqu’il écrivait à Paul et qu’il était en disette de sujets, il lui donnait tous ces détails et il lui parlait franchement, lui racontant même une fois, que Lespérance lui avait emprunté de l’argent et qu’il n’avait pas d’espoir qu’il le lui remit. Les lettres de Paul l’encourageaient à faire ces confidences sans restriction, car il lui disait souvent combien ses lettres amusantes égayaient leurs longues et mornes veillées et combien lui, Paul, goûtait les descriptions exactes de la vie de la ville et de ses plaisirs.

Armand, cependant, parlait rarement de