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doux efforts de la tante Françoise et l’excellent souper qu’elle prépara ne réussirent pas à amener dans le petit cercle plus de cordiale gaieté, ni à faire disparaître l’irritabilité dont les manières de Durand étaient empreintes.

Après que l’on se fût séparé pour la nuit et que les deux frères furent assis ensemble dans la chambre à coucher de Paul, Armand lui dit brusquement :

— Pourquoi as-tu montré mes lettres ?

— Parce que je ne croyais pas qu’il y eût de mal à le faire, parce que je pensais qu’elles amuseraient notre père au lieu de le contrarier. Si je ne les lui avais pas montrées, il aurait supposé qu’elles contenaient quelque chose de terrible.

— Il est si changé que je le reconnais à peine ! dit Armand d’un air sombre. Qu’est ce que tout cela veut donc dire ?

— L’âge et le rhumatisme, répondit laconiquement Paul. Il ne faut pas que tu penses que je n’ai pas ma part de reproches : je voudrais que tu l’entendrais lorsqu’il y a quelque chose qui ne va pas bien, quand même ce n’est que le carreau du châssis de l’étable qui est resté ouvert.

Trompé sur les sentiments de son frère, Armand sentit s’évanouir le faible rayon de soupçon qui avait traversé son esprit.

— Pauvre Paul ! s’écria-t-il, ce doit être dur à supporter !

Minuit était sonné depuis longtemps et le frère aîné ne dormait pas encore, la respira-