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les femmes dans la famille Durand avaient toujours été de remarquables ménagères, et pendant le long règne de la dernière qui avait porté ce nom, la maison de Paul avait été la mieux conduite, la plus proprement tenue de toutes celles du village, tandis que les produits de sa laiterie étaient également renommés pour leur quantité et qualité. Cet état de choses satisfaisant ne s’était que peu ou point détérioré pendant l’administration de madame Niquette qui — nous devons lui rendre cette justice — avait veillé d’aussi près que sa maîtresse au confort de Paul et aux intérêts de l’établissement. Hélas ! sous le régime nouveau, les choses étaient très-différentes, et il était heureux pour le repos d’esprit de la défunte madame Durand qu’elle n’eût pas connaissance de ce qui se passait sous le soleil et surtout des détails qui concernaient le ménage de son fils.

Celui-ci aimait la bonne table et y avait été toujours habitué ; maintenant la soupe était souvent ou brûlée ou trop liquide, le pain sûr et chargeant, digne du mauvais beurre destiné à être mangé avec lui ; et puis les crêpes friables, les beignets et les délicieuses confitures qui avaient autrefois si souvent orné sa table, n’étaient plus qu’un souvenir du passé. Cependant, avec toute la générosité d’un noble caractère, il ne se plaignait ni ne murmurait, mais se contentait de temps en temps de faire en riant quelque remarque sur le sujet, évitant toutefois toute allusion de ce genre lorsque sa femme parais-