Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/194

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vint rouge, et, à son grand déplaisir, il se sentit rougir lui-même.

L’entrevue fut très-embarrassante pour les deux ; ils faisaient de grands efforts pour calmer leur gêne commune. Mais Armand se remit bientôt. Comme la petite enchanteresse écoutait tout ce qu’il lui disait ! Comme il y avait de tendre sympathie dans ses yeux langoureux et de piéges dans la timide admiration de ses regards modestement baissés ! Délima faisait une charmante convalescente, et sa subtile influence aurait pu subjuguer une tête plus âgée que celle d’Armand. Toujours est-il qu’il lutta vaillamment contre cette influence et contre les fines batteries de madame Martel qui, à sa façon, était un ennemi aussi redoutable que Délima elle-même. Sans l’intervention de la vieille dame qui était résolue à faire avancer rondement les affaires entre nos deux jeunes gens, les choses n’auraient jamais été plus loin qu’à l’amitié.

Un jour que cette bonne dame était entrée, sous un prétexte futile, dans la chambre du jeune homme, et qu’elle lui faisait un énergique appel en insistant sur le fait qu’il devrait avoir pitié de sa cousine, il répliqua assez brusquement :

— Mais ne vous ai-je pas dit, madame Martel, que je suis très-pauvre ?

— Ne dites pas cela, M. Durand ; vous êtes, au contraire, très-riche en possédant un cœur comme celui de Délima. Écoutez-moi : vous allez vous marier avec la petite, et vous res-