Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/197

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XIII


On avait allumé les bougies et tiré les rideaux de bonne heure, ce soir-là, dans l’élégant salon du Manoir d’Alonville, car la soirée était humide et le vent soufflait avec une certaine violence. Gertrude de Beauvoir était assise, rêveuse et pensive, dans le plus grand et le plus moelleux des fauteuils de l’appartement Elle avait un ouvrage de broderie sur ses genoux ; sur la table, à côté d’elle, se trouvaient des laines et du canevas ; à ses pieds des livres et des journaux : ce désordre démontrait clairement qu’elle avait souvent changé d’occupations, ne trouvant d’intérêt ou d’amusement à aucun. Elle fut tirée de sa rêverie par l’entrée de de Montenay qui, sans s’occuper de la froideur avec laquelle elle le recevait, — car il avait fini par s’habituer à ses manières capricieuses, — avait trainé un autre fauteuil près du sien et s’y était assis.

— Avez-vous entendu parler du dernier mariage ? lui demanda-t-il après avoir échangé quelques phrases banales.

— Non.

— Hé ! ce charmant, adroit et bon à rien d’Armand Durand s’est enfin marié avec la jolie petite couturière qu’il amusait depuis si longtemps.

Victor jeta un regard inquisiteur et pénétrant sur sa compagne, mais même pendant qu’il parlait elle s’était penchée pour relever