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XIV


La partie agréable de l’automne canadien était venue et disparue ; l’abondant feuillage aux couleurs variées était tombé des arbres feuille par feuille, ne laissant ça et là solitaire, qu’une tache brune attachée à quelques branches dépouillées de leur parure. Les tendres rayons du soleil avaient fait place à la lumière grise et froide, et aux vents pénétrants du triste novembre ; et beaucoup de piétons, inconsolables à la vue des mers de boue liquide qui inondaient les rues de la ville, soupiraient avec impatience de voir arriver un froid vif et tomber une bonne bordée de neige, la seule compensation que pouvait offrir la saison en retour des nombreux désavantages dont elle était si prodigue.

Armand Durand était, un jour de ce triste soleil de novembre, assis dans sa petite chambre chez madame Martel. Il paraissait bien grave et bien préoccupé notre jeune marié de quelques mois. Un long soupir s’échappa de sa poitrine pendant qu’il déposa sa plume et appuya sa tête sur sa main. Un instant après, il ouvrit le pupitre de bois auprès duquel il était assis, et en retira une lettre. Malgré qu’elle portât une date bien antérieure et qu’elle parût avoir été souvent palpée, il la lut lentement.

Cette lettre venait de madame Ratelle, et avait été écrite lorsque cette bonne tante avait appris d’une source indirecte la nouvelle de