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— M. Armand, désirez-vous un peu de cette fricassée. Elle est peut-être meilleure qu’elle n’en a l’air ; dans tous les cas, c’est tout ce que j’ai à vous offrir.

— Et elle est aussi bonne que nous pouvons la faire pour nos moyens, André, ajouta sévèrement sa femme. Par les temps qui courent nous ne trouvons pas l’argent dans les rues.

— On ne le trouvait pas plus, femme, il y a quelques mois, lorsque nous avions coutume d’avoir presque tous les soirs un poulet rôti ou quelque chose d’aussi bon. Mais, grâce à la Providence, j’ai un bon appétit et une bonne digestion, en sorte que je puis manger ce qu’il y a.

— C’est bien dommage que tu ne puisses ajouter que tu as aussi un peu plus de bon sens ? reprit avec sarcasme sa chère moitié.

— J’ai ce qui est aussi utile, une part raisonnable de bonne humeur, répliqua imperturbablement le digne M. Martel. Armand, mon fils, passez-moi le pain. Tu ne manges donc pas, petite : qu’est-ce qu’il y a ? Peut-être que toi aussi tu ne trouves pas la fricassée de ton goût.

— Ce n’est point cela, interrompit la mère Martel avec indignation. Non, la pauvre enfant a été désappointée.

— Ce n’est toujours pas en amour, observa-t-il en souriant, car elle s’est assuré, hardiment et fermement, notre ami Armand !

— Je désirerais, cousin Martel, dit la jeune mariée avec un éclair dans ses yeux, je dési-