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XV


On ne peut pas convenir que notre héros était aussi studieux et aussi capable qu’avant son malencontreux mariage : il ne l’était certainement pas. Qui pourrait dire les rêves brillants qu’il avait caressés pour s’encourager lui-même au travail ? Tout cela s’était changé en une simple lutte pour le pain quotidien, sans une lueur d’espérance pour l’avenir, sans un rayon de joie pour le présent. Plus d’une fois M. Lahaise était inopinément entré dans le bureau et avait trouvé son clerc plongé dans une sombre rêverie, tandis que sur son pupître des liasses de documents qu’on y avait mises pour être assorties ou copiées étaient encore intactes. Cependant l’avocat avait entendu parler des déboires domestiques d’Armand, et cela l’avait rendu indulgent à son égard, sachant que les rares aptitudes du jeune homme lui permettraient de suppléer plus tard au temps qu’il perdait actuellement.

Le long et ennuyeux hiver, avec ses jours courts et ses longues veillées, s’écoula lentement et tristement pour Durand : pas une seule fête sociale, pas une seule petite réunion paisible au coin du feu pour en égayer la monotonie. Dans le cercle domestique les choses allèrent de mal en pis au lieu de s’améliorer : la manie de gronder de madame Martel et la maussade humeur de Délima ne firent qu’augmenter en proportion de l’in-