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mais elle reconnut avec douleur que là cessait la parité. Jamais la douce et aimante Geneviève n’aurait laissé son mari au milieu d’une confusion comme celle qui régnait en ce moment dans la maison, afin d’aller ailleurs chercher des amusements pour elle-même ; si elle n’avait pas eu le talent de tenir sa maison dans cet ordre exquis qui donne de l’attrait même à la chaumière la plus pauvre, du moins elle était toujours là pour l’accueillir à son retour avec des paroles de douceur, avec un regard et un sourire d’amour. Madame Ratelle avait une fois exprimé hardiment à son frère sa désapprobation entière du système ou plutôt de l’absence de système qui régnait dans son ménage, — car bien qu’il aimât passionnément sa femme, bien qu’il fût touché de l’entier dévouement de celle-ci pour lui, il pouvait supporter d’entendre dire des vérités amères sur son compte ; — mais quelle forteresse Armand avait-il, lui, pour se protéger ? En regardant son visage triste et pensif qui portait les traces du malheur, en se rappelant tout ce dont elle avait entendu parler, tout ce qu’elle avait vu, elle se répondit à elle-même avec un serrement de cœur : aucune, aucune !

Non, elle n’augmenterait pas par un seul mot de critique ou de censure le fardeau qui pesait déjà si lourdement sur son pauvre neveu ; et quand, après avoir terminé sa tâche, il s’approcha d’elle et lui dit avec une gaieté forcée :

— Au moins, tante Françoise, si nous n’a-