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Lorsque la jeune femme demandait de l’argent, Armand lui en donnait séance tenante sans s’informer de ce qu’elle en voulait faire, sachant bien que s’il hasardait la moindre question à ce sujet il s’en suivrait une altercation ; mais quand ces constants assauts sur le capital eurent terriblement diminué leur petite fortune et qu’il eût commencé à parler de la nécessité de pratiquer l’économie, elle ne fit nulle attention à ces remontrances, se disant à elle même pour se rassurer que lorsque la bourse serait vide ils pourraient s’adresser à tante Françoise. Quand ce temps arriva et que Délima, sans consulter son mari, eût écrit privément à madame Ratelle une lettre qui lui faisait une peinture effrayante de leur misère et qui, malgré l’étude et l’attention qu’elle y avait mises, était une merveille de mauvaise grammaire et d’affreuse orthographe, elle ne tarda pas à recevoir une réponse courte, vive et décisive.

Madame Ratelle se contentait de lui dire qu’elle leur avait donné déjà une somme qui, administrée avec soin, aurait dû être suffisante pour les mettre à l’abri de la nécessité de demander de longtemps des secours, que madame Durand, devait apprendre à être moins extravagante dans ses toilettes et ses dépenses de ménage avant de s’attendre à une nouvelle aide de sa part. La lettre exprimait aussi la surprise que la jeune madame Durand, qui avait été élevée dans l’habitude de la plus stricte économie, trouvât maintenant si difficile de la pratiquer.