Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
270

pire ta femme. Si, après avoir essayé mon plan, tu continues encore à vouloir changer de profession, j’essaierai alors de te procurer une bonne situation : j’ai encore des amis et des cousins parmi les marchands de Québec.

Pendant longtemps Belfond raisonna et chercha à persuader son ami qui balançait de plus en plus. Enfin, Armand consentit, et quand ils se séparèrent, l’empreinte du morne désespoir avait disparu de son visage.

Lorsque notre héros annonça à sa femme son intention de transporter leurs pénates à Québec, il s’en suivit une scène terrible. Délima pleura, éclata, tempêta, sans cependant recourir à l’évanouissement ; de son côté, madame Martel déclara carrément que le contre-coup d’une séparation dans l’état actuel de sa santé délicate tuerait la jeune femme, qu’il n’y avait qu’un insensé ou un monstre qui pût penser à arracher ainsi une créature si jeune et si frêle d’au milieu des amis qui lui étaient si attachés, pour la traîner parmi des étrangers. À tout cela Armand n’avait qu’une réponse, et cette réponse constituait apparemment une place forte dont l’ennemi ne pouvait s’emparer.

— Si ma jeune femme trouve l’arrangement impraticable, elle est parfaitement libre de rester avec ses amis, disait-il invariablement.

Cependant, cette proposition ne rencontrant les vues de personne, les hostilités ces-