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perte s’élevait, comme un bouclier et une sauvegarde, la noble et calme figure de Gertrude.

Le lendemain notre héros trouva, à un prix assez modique, une maison de pension qui avait l’air assez confortable, et il s’y installa sans délai avec sa femme. Il chercha ensuite M. Duchesne, et sur la présentation d’une lettre qui lui avait été remise par Belfond, il fut reçu avec beaucoup de politesse et installé de suite dans le bureau qui ne différait de celui qu’il avait occupé à Montréal qu’en ce que celui-ci était plus sombre et plus malpropre.

Il va sans dire que Délima se fâcha et grommela. Elle trouva que les côtes étaient trop escarpées et trop glissantes, les rues étroites et sales, les magasins petits et mesquins dans leur extérieur, quoiqu’on sût parfaitement bien y extorquer l’argent des gens. Comme la santé de Délima était délicate, le jeune mari écouta ces plaintes, bien qu’elles fussent puériles, avec plus d’égard et de sympathie qu’il ne lui en avait montrés dans ces derniers temps. Il s’empressa de consulter un médecin d’expérience qui, ayant trouvé l’état de sa santé très-précaire, prescrivit une diète généreuse, du bon vin et une promenade en voiture tous les jours lorsque la malade serait incapable de marcher.

Soit par l’effet de l’entière séparation d’avec madame Martel, — ce parfait brandon de discorde, — ou par l’effet des espérances d’une maternité qui approchait, il s’opéra un grand