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qu’elle avait soutenues avec les marchands. Lorsqu’elle eut épuisé ce fertile sujet, elle se mit tout-à-coup dans la tête que l’appartement était froid, et, ouvrant la porte du poële avec un grand fracas, elle y mit plusieurs morceaux de bois tout en manifestant son étonnement de ce qu’Armand était assis là bien tranquillement et laissait ainsi refroidir la chambre.

— Mais, cousine Martel, il fait assez chaud et nous avons assez de feu, riposta Armand. D’ailleurs, le Dr. Meunier nous a principalement défendu de tenir la chambre trop chaude : il dit que cela affaiblit Délima.

— Qu’importent les opinions du Dr. Meunier ou celles de quelqu’autre jeune homme sans expérience ? je pense que, comme garde-malade, je devrais en savoir assez sur la manière de tenir la chambre d’une malade.

Nous devons dire ici que dès les premiers instants de l’arrivée de madame Martel, une vive hostilité s’était élevée entre cette digne matrone et le médecin de Délima, et qu’elle mettait instinctivement opposition à toutes les prescriptions et recommandations de la haute autorité. Si le Dr. Meunier entrait gaiement dans la chambre et qu’après avoir parlé de la température il suggérait une promenade à pied ou en voiture, selon le cas, la vieille maussade reprenait :

— Grand Dieu ! sortir aujourd’hui ! vrai, elle gèlerait à mort. Regardez donc dehors : les glaçons pendus au bout du nez des chevaux !