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Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/302

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sous l’empire d’un songe terrible, près des restes inanimés de sa femme et de son enfant. Quelques mots d’adieu à son mari, à son enfant, un tendre baiser sur son front encore mouillé par les eaux du baptême et sur lequel commençaient à perler les sueurs de la mort, et l’âme de la jeune femme s’était envolée vers l’éternité, presqu’aussitôt suivie par celle ou petit innocent.

Rarement des cierges avaient répandu leur pâle lumière sur d’aussi beaux restes de la triste humanité que sur ceux de cette jeune mère et de son enfant. La mort avait accentué les faibles traits de celui-ci sans toutefois les contracter, en sorte que ce petit visage délicat avait une ressemblance surprenante avec la douce figure classique auprès de laquelle il reposait.

Dans le cours de la longue nuit que le nouveau veuf passa auprès de ce lit paisible et silencieux, — il avait refusé d’une manière brève et presque sévère toutes les offres qu’on lui avait faites de lui servir de compagnon dans ces dernières et tristes veillées, — il s’assujétit à un stricte et âpre examen intérieur. Il sentit qu’il n’avait jamais aimé celle qu’il avait juré solennellement à l’autel d’aimer, mais il lui était resté fidèle et il l’avait chérie en maladie comme en santé ; il avait peut-être supporté plus patiemment ses défauts et ses faiblesses que si elle eût occupé les plus profonds repli de son cœur. Ah ! sa conscience était plus calme, à présent qu’il avait souffert et tout supporté avec patience au lieu