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ensuite la trahison de son frère Paul, les machinations mises en œuvre par madame Martel, les vicissitudes et les agitations de son malencontreux mariage, la mort paisible de sa femme, et depuis lors sa vie tranquille et monotone. Gertrude l’écoutait avec sympathie, et plus d’une fois, pendant qu’il poursuivait son récit, il s’aperçut que ces yeux qu’il avait cru si orgueilleux, si indifférents, s’assombrissaient d’une tristesse qui donnait à penser.

— Dans tout ce que vous venez de me dire, Armand, il y a une seule chose que je désirerais qui fût autrement, une chose que je vous demanderai de rétracter. Par considération pour moi, voulez-vous pardonner à votre frère Paul, sans restriction et complètement ?

Une ombre passa sur le front du jeune homme.

— Gertrude, dit-il enfin, je ne lui ai jamais causé de dommages et je n’ai pas non plus l’intention de lui en faire pour tout le mal qu’il m’a causé : certainement que ce doit être assez.

— Non ; les concessions que vous avez faites l’ont été en considération de madame Ratelle : il vous faut maintenant faire quelque chose pour moi. Écoutez, Armand : que votre pardon, libre et sans conditions, soit mon cadeau de noces ; je l’estimerai et l’apprécierai infiniment plus que le plus pur diamant et la plus rare des perles ! Les souverains signalent ordinairement l’inauguration de leur