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contré sur la route qu’il parcourait, on eut eu à déplorer quelque événement fatal.

Comme il entrait dans sa cour dont la porte était restée ouverte pour son arrivée, il sentit tout son être se contracter à la pensée qu’il allait se trouver en présence de sa femme. Il savait d’avance que tous les reproches et toutes les accusations dont il pourrait l’accabler ne lui apporteraient aucune satisfaction, et il se demandait s’il ne valait pas mieux pour lui poursuivre son chemin jusqu’au Manoir, et là faire venir de Chevandier, et, sans un mot de commentaire ou d’explication, tomber sur lui et prendre une vengeance complète des torts qu’il lui attribuait, tout en servant à M. de Courval s’il se mêlait d’intervenir, une petite dose du même traitement ; car après tout, il était l’auteur indirect de toutes ces misères, puisqu’il amenait avec lui dans des maisons humbles et vertueuses des amis élégants et sans principes.

Pendant qu’il hésitait ainsi sur ce qu’il devait faire, la porte de la maison s’ouvrit et Geneviève accourut dans sa fraîche et pure beauté ; posant légèrement son pied mignon sur le marche-pied de la voiture, elle approcha son visage rougissant pour lui donner un baiser. Naturellement distante et peu expansive, rien que l’amour profond quelle portait à son mari pouvait l’engager à sortir jusqu’à ce point de sa réserve habituelle ; mais, lui, détournant la tête comme s’il n’eut pas compris son intention, il dit avec rudesse :