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te de l’absence de son mari pour passer chaque jour des heures entières en compagnie d’un parfait étranger qui n’a de titres à ses attentions que parcequ’il est jeune, beau et sans principes ?

— Oh ! sur ma parole la plus sacrée, Paul, je le jurerai sur l’Évangile si tu veux, je ne t’ai jamais offensé, mon mari, ni en pensées ni en paroles. Sans aucune invitation de ma part, le capitaine de Chevandier est venu ici, poussé seulement par un motif de politesse et de courtoisie…

— Silence, tu entends ! Penses-tu me donner le change sur tes méfaits aussi aisément que cela ? Ah ! tu as prouvé que tu n’étais qu’une femme ingrate et infidèle. Bien que tu nous aies rendus, nous et notre maison, un sujet de raillerie dans le village, par ta misérable ignorance de tout ce qu’une femme devrait connaître, je ne t’ai jamais dit un mot de colère, ni ne t’ai regardée froidement pour tout cela. Mais tu as passé le temps que d’autres femmes emploient à des travaux utiles et honnêtes, à écouter les paroles mielleuses d’une canaille, à jouer avec l’honneur de ton mari !

— Paul, tu es injuste et cruel.

— Silence ! te dis-je. Ne sais-tu pas que demain toutes les misérables commères à la merci desquelles tu t’es exposée si faiblement, si criminellement, nous auront livrés tous les deux au mépris du public ? Ôtes-toi de devant mes yeux !

Elle se leva, et, oppressée par le sentiment