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Bientôt après arriva un gage de la sollicitude pleine d’attentions de madame Chartrand, sous forme d’un immense paquet, accompagné d’un billet dans lequel cette dame écrivait que, prévoyant le cas où Paul aurait besoin bientôt de nouvelles chemises, elle prenait la liberté de lui en envoyer une douzaine toutes taillées sur un patron de celles qu’elle avait en sa possession : ajoutant que leur confection ne serait qu’un amusement pour sa belle-sœur.

Sans doute, la jeune femme entreprit volontiers la tâche ; et quand Paul laissa la maison le matin pour se rendre aux champs, il emporta avec lui l’aimable idée de sa gentille Geneviève, assise à sa petite table, armée d’un dé délicat et d’une paire de ciseaux, ayant devant elle une pile de toile et de coton blanc comme la neige. Mais, hélas ! le manque d’habileté plutôt que de bon vouloir, vint frustrer les bonnes intentions de Geneviève. Elle se troubla et se perdit au milieu des goussets, des bandes et des morceaux ; et enfin, perdant cœur et courage, elle déposa sa couture, sans espoir de réussir jamais. Elle la laissa ainsi et la reprit deux fois, trois fois, durant le cours de cette journée, pour arriver toujours au même résultat.

Pendant qu’elle était assise, ses deux mains reposant négligemment sur ses genoux, tout entière à cette pensée qu’elle échangerait bien volontiers le peu de talents qu’elle avait en broderie pour l’art de mettre en ordre le