Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61

la naissance de son enfant. Elle devint plus faible de jour en jour ; en dépit de l’affection et de la tendresse pleine de sollicitude dont l’entourait Paul, en dépit même des liens de son amour sans bornes pour son mari et son enfant qui la tenaient étroitement attachée à l’un et à l’autre, l’heure du départ arriva ; et patiente, résignée, elle exhala doucement la vie entre les bras puissants de son mari qui lui avaient ouvert un asile si sûr et si doux depuis qu’elle avait connu leur protection.

Ah ! Paul Durand, alors que vous étiez assis seul et le cœur brisé dans votre chambre, sans que nul autre bruit que le tic-tac monotone de l’horloge du coin ne vint en rompre le silence mystérieux, et que, regardant en arrière, vous vous rappeliez la fatigue et la langueur qu’elle apportait de temps à autre dans ses démarches, et ces teintes rosées qui montaient à ses joues et s’en effaçaient tour à tour sitôt qu’elle entreprenait un effort léger ; vous deviniez le secret de ce manque d’énergie dont l’avaient blâmée si souvent les langues des fainéants ; et vous remerciiez Dieu du fond du cœur de ce que jamais vous ne lui aviez adressé aucun reproche ni aucun mot de raillerie à ce sujet, de ce que jamais vous ne l’aviez poussée à des exercices et à des efforts qui eussent dépassé ses forces.

Peut-être cette pensée était-elle la plus grande consolation de Durand, aussi bien que les caresses dont il entourait son enfant,