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doué de toute la délicatesse des traits de sa mère, et partageant peut-être, cela était à craindre, sa faiblesse de constitution.

Maintenant, dans son isolement, Paul eût désiré volontiers la compagnie de sa sœur ; mais cette dame très-digne, fatiguée de ses habits de deuil, avait déjà consenti à les échanger contre des vêtements de noces, et elle devait épouser dans quelques mois un respectable notaire quelque peu avancé en âge, mais ayant une bonne clientèle et un caractère pacifique : deux points sur lesquels madame Chartrand avait pris grand soin de se rassurer avant de donner aucune réponse affirmative.

Ce n’était pas tant parce qu’il craignait le gaspillage et le désordre dans l’administration de sa maison que Paul désirait la présence de sa sœur : il était parfaitement accoutumé à ces deux choses là ; mais c’était pour son enfant. Ce tendre petit nourrisson avait besoin de soins plus judicieux que ceux dont pouvaient l’entourer la tendresse capricieuse et la société ignorante de domestiques.

Une fois convaincu qu’il n’y avait plus lieu d’espérer que madame Chartrand viendrait vivre avec lui, il résolut de se remarier.

Ah ! quelle honte ! s’écriera peut-être quelque lecteur. Comment pouvait-il oublier si vite la jolie jeune femme qui s’était reposée, comme dans un nid, à son foyer et sur son cœur ?

Il ne l’oublia pas ; et de longues années après, à l’heure solennelle où les dernières