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Une légère rougeur passa sur les joues de la mariée, la première rougeur qu’on eût aperçue de la journée sur sa figure, quoique ce fût le jour de ses noces. Elle s’agenouilla à côté du berceau, et embrassant tendrement l’enfant :

— Oui, dit-elle, que Dieu me fasse la grâce de bien remplir mon devoir envers lui !

Puis ses lèvres furent agitées pendant un instant, soit par une prière ou une promesse silencieuse, et lorsqu’elle se releva ses regards disaient éloquemment à Paul qu’elle était résolue de remplir sa promesse, regards qui, selon lui, la rendaient plus belle que si des roses et des fossettes eussent remplacé sur sa figure les marques des soucis et de la fatigue.

Les nouveaux mariés allèrent rejoindre leurs invités, le père portant son garçon qui, comme de raison, avait été pour l’occasion revêtu de ses plus beaux habits, et madame Durand soutenant avec sa sérénité ordinaire le nouvel orage de compliments et de railleries qui accueillit son retour. Après que le petit Armand eut été admiré et caressé, — quelques dignes dames étouffaient leurs soupirs pendant qu’elles se murmuraient à voix basse le mot, « belle-mère » qui est généralement regardé comme de mauvais présage, — il fut remis à la fille qui en avait soin depuis la mort de sa mère, et qui était à la porte, se renfrognant chaque fois que quelqu’un touchait à son nourrisson : car ce jour là, jour de joie pour tout le monde, son humeur