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les y accompagna, et après une courte conversation avec le Directeur de l’institution, le père et les fils se trouvèrent seuls dans le parloir.

Paul promena ses regards tout autour de lui, depuis le plafond bas tout noirci par le temps jusqu’aux fenêtres à petits carreaux, veuves de rideaux. Armand avait les yeux attentivement fixés sur son père qui, au moment de se séparer, leur donnait des conseils et des encouragements. Enfin, on se distribua les dernières poignées de main, et au moment où Durand sortait du parloir le portier entrait : c’était un individu tout-à-fait insociable, sans avoir cependant un mauvais naturel. Au regard renfrogné et curieux de cet homme, Paul répondit par un regard de défi, et murmura à son frère :

— Je haïs déjà ce portier-là, autant que du poison !

Comme les classes n’étaient pas formées, il n’y eut point de leçons ce jour-là ce qui permit aux nouveaux arrivants de faire connaissance avec leur future demeure et leurs nouveaux camarades.

Paul employa bien son temps, car à la fin de cette première journée, il avait déjà battu trois de ses camarades, juré une éternelle amitié à un autre, et invité un cinquième à aller passer les vacances chez son père à Alonville ; de plus il avait vendu, à un prix exorbitant, deux couteaux et un portefeuille de poche à de jeunes garçons qui, grâce à la générosité avec laquelle leurs parents avaient