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de l’encens qui lui était si naïvement offert, il trouvait un certain charme à la conversation pleine de délicatesse et aux sentiments élevés que possédait son jeune ami : raffinement dû en grande partie à l’innocence enfantine de son caractère, innocence si marquée, qu’heureusement pour eux deux, de Montenay ne s’était pas encore soucié de troubler.

Depuis lors, l’intimité entre Victor et Rodolphe avait presqu’entièrement cessé ; mais comme elle était due autant à de fréquentes relations entre leurs familles qu’à une préférence mutuelle, ils ne s’aperçurent pas de son interruption.

Les jours se succédèrent et se passèrent ainsi d’une manière assez agréable et sans offrir d’autres incidents que ceux des devoirs et des amusements particuliers à la vie d’écolier, jusqu’à l’heureux temps des vacances toujours si vivement attendu par les maîtres et les élèves.

Par une belle matinée du mois de juillet, les deux jeunes Durand sautèrent avec ravissement de la charrette qui les avaient transportés à leur demeure. Avec quelle joie ils sortirent boites, sacs et paquets, sans s’occuper des accidents et avaries ! avec quelle surabondante affection ils embrassèrent la tante Françoise et donnèrent encore et encore des poignées de main à leur père qui, droit devant eux, les regardait faire avec un légitime sentiment d’orgueil qu’il essayait inutilement de cacher ! Et puis, quel déluge